Rédigé par Michel Carlué et publié depuis
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Villefranche-de-Conflent
Ce beau village ou cette belle petite ville (comme vous voulez) est situé en un lieu stratégique permettant de maîtriser un défilé montagneux qui fut une zone de conflits réitérés entre divers protagonistes français et espagnols. En fait elle permet de contrôler trois vallées au confluent de la Têt et de la Rotja.
Vauban et les remparts
Le patrimoine de Villefranche de Conflent est exceptionnel : du Moyen Age jusqu'à nos jours, le temps a inscrit dans ses pierres le passage des hommes qui l'ont construite, l'ont conquise ou qui ont vécu dans ses murs. plus que tout autre, Vauban le " vagabon du Roi-Soleil " a laissé sa marque ici. Le génie de Vauban réside dans sa capacité à adapter les défenses d'une cité à son identité géographique.
Dès sa fondation, la ville se protège derrière ses remparts. La muraille est exceptionnelle car Vauban l'a doublée en superposant deux niveaux de chemins de ronde couverts, dispositif unique dans son œuvre. La gaine de circulation voûtée du niveau inférieur s'appuie sur les restes des murs médiévaux, tandis que le chemin de ronde supérieur est couronné d'une toiture traditionnelle en ardoises. Quelques tours médiévales sont encore en place, certaines englobées dans les bastions de Vauban qui a du s'adapter à l'extrême exiguïté des lieux ainsi qu'à la proximité de la montagne.
Le caractère exceptionnel des Remparts de Villefranche-de-Conflent a permis son inscription sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO en juillet 2008.
La ville
Le marbre rose et la griotte, sa variante, ont fourni, pour la construction de Villefranche, un matériau à la fois exceptionnel par sa dureté et sa capacité de défier le temps, et somptueux par sa couleur et son grain. L’exigüité du périmètre circonscrit par les remparts a conduit à organiser les maisons le long de deux rues principales (Saint Jacques et Saint Jean), à les étirer en hauteur et à hiérarchiser leurs façades (cf plan ci-dessus). Celles-ci présentent un rez-de-chaussée à grandes portes en plein cintre ou arc brisé(boutiques, écuries ou remises pour véhicules), un premier étage réservé aux activités professionnelles, et un second d’habitation, largement éclairé par une « mirande » (loggia) exposée au sud. Quand l’espace le permet, la maison bénéficie d’un patio central, véritable puits de lumière autour duquel s’organisent des galeries en bois.
L’Eglise Romane
Villefranche étant située sur un itinéraire secondaire de pèlerinage vers Compostelle, on ne s’étonnera pas que son église paroissiale, d’époque romane (clocher gothique), soit consacré à Saint Jacques. Cet édifice construit en bel appareil de marbre rose, doit son plan dissymétrique à deux agrandissements successifs au XIIème et XIIIème siècles. Les deux portails de la façade présentent de remarquables chapiteaux romans, œuvres de l’atelier de Saint Michel de Cuxa, illustrés d’animaux exotiques et de créatures fantastiques d’inspiration orientale. A gauche du grand portail subsistent les étalons des unités de mesure utilisées par le marché aux draps qui se tenait sur la place.
L’intérieur abrite un abondant mobilier dont un Christ gisant, un Saint Pierre et un ensemble de stalles gothiques, ainsi que de nombreux retables Renaissance ou Baroque, dont un du grand sculpteur catalan Joseph Sunyer.