Blog photographique biodégradable
6 Septembre 2017
Cet article est destiné aux personnes qui souhaitent faire leurs premiers pas dans la photographie des végétaux. Il n'a nullement la prétention de constituer une approche exhaustive de cette pratique.
La première question que l'on doit se poser est de se faire une idée plus ou moins précise du projet photographique que l'on souhaite mettre en place.
- Veut-on montrer les plantes dans leur environnement ?
- Faut-il isoler la plante de son contexte environnemental ?
- Est-il nécessaire de mettre l'accent sur une spécificité botanique de l'espèce végétale considérée en détaillant un des éléments (les feuilles, les fleurs ou alors les fruits) ?
- Faut-il aller encore plus loin dans la description photographique détaillée d'un élément botanique ?
- L'esthétisme des photographies prévaut-il sur leur contexte botanique ?
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La deuxième obligation est de prendre son temps, de tourner autour du végétal, d'observer les détails importants de sa morphologie, d'analyser la façon dont il est éclairé et d'identifier correctement les qualités et les défauts de son arrière et de son avant plan.
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La nature de l'appareil photo utilisé constitue un troisième critère déterminant. Avez vous un appareil photo compact, un bridge, un hybride ou un reflex ? Ce n'est pas tant la qualité des photos obtenues qui est en cause, mais plutôt les possibilités de réglage qui peuvent être plus ou moins bridées pour les compacts ou les bridges.
Raisonnons sur la base de l'utilisation d'un APN reflex ou d'un APN hybride évolué.
Si vous voulez prendre une photo d'un végétal dans son contexte environnemental il est nécessaire d'obtenir une profondeur de champ optimale, de manière à ce que le végétal soit net et que son arrière plan le soit également.
La meilleure des solutions consiste à utiliser un zoom dans sa position grand angle. Il est ensuite important de régler l'APN sur le mode priorité à l'ouverture et de choisir une ouverture de diaphragme assez réduite, de l'ordre de f/9 ou f/11, par exemple. Vous vérifiez ensuite que la vitesse affichée soit compatible avec une photo nette, 1/60ème de seconde constitue déjà une bonne sécurité.
La plupart des objectifs ou des appareils photos modernes sont équipés d'un stabilisateur. Il n'est donc pas aléatoire de travailler à une vitesse relativement lente, de l'ordre du 1/15ème de seconde, sans risques majeurs de bougé. En l'absence de stabilisation il est admis que la vitesse d'obturation ne doit pas être inférieure à l'inverse de la valeur de la focale utilisée. Par exemple, avec un grand angle réglé à 24 mm de focale, la vitesse ne doit pas être plus lente que le 1/24ème de seconde. Il est donc recommandé de travailler dans ce cas au 1/30ème voire au 1/60ème de seconde.
Si vous ne pouvez pas obtenir une vitesse suffisamment rapide en ayant choisi une valeur d'ouverture qui vous convient, c'est que la lumière est insuffisante et il vous faut alors augmenter la sensibilité ISO de votre appareil, passez par exemple de 200 ISO à 400 ISO. C'est l'un des avantages de la photo numérique.
En conclusion, gardez à l'esprit que trois paramètres sont déterminants dans le réglage votre appareil :
- l'ouverture du diaphragme qui permet de contrôler la profondeur de champ;
- la vitesse qui conditionne l'absence de flou de bougé;
- la sensibilité ISO qui permet de limiter l'impact de conditions d'éclairement difficiles. A ce propos, il faut toutefois noter que plus on élève la sensibilité de l'appareil et plus le bruit de fond augmente, notamment dans les ombres.
Une remarque : certains appareils reflex sont équipés d'un bouton de contrôle de la profondeur de champ, appuyez dessus et vous aurez dans le viseur le rendu visuel de la photographie, non pas à la pleine ouverture de visée, mais à celle que vous aurez choisie pour réaliser votre cliché. L'image va s'assombrir dans la plupart des cas, mais le rendu de la profondeur de champ sera celui de la photographie.
Dans le cas de clichés très rapprochés (proxi ou macrophotographie), les contraintes de réglage seront les mêmes que précédemment mais il sera plus délicat de maîtriser la profondeur de champ.
Plus le grandissement photographique est important et moins la profondeur de champ est étendue. Il sera souvent nécessaire de fermer un peu plus le diaphragme pour améliorer la profondeur de la zone de netteté, cela se fera au détriment de la vitesse qui devra diminuer pour permettre de récupérer de la lumière par un allongement du temps d'exposition.
Certes la sensibilité de l'appareil peut-être augmentée afin de compenser cette perte de luminosité, mais seulement dans des proportions raisonnables, en fonction des performances de votre appareil dans ce registre. Les appareils deviennent très efficaces dans le domaine des hautes sensibilités et il ne faut pas hésiter à y avoir recours quitte à perdre un peu en dynamique dans le rendu.
La solution la plus adéquate, si l'on se rapproche beaucoup de la plante à photographier et que l'on atteint des rapports de grandissement à l'échelle 1/2 (image à la moitié de la taille réelle sur le capteur) ou 1/1 (image à la taille réelle sur le capteur), consiste à utiliser un trépied et une télécommande filaire pour l'appareil, cette dernière étant moins onéreuse qu'une télécommande infrarouge. Le diaphragme peut-être davantage fermé et le problème de la vitesse devient moins aiguë, les poses plus longues ne sont plus problématiques. Enfin il est possible de régler l'APN sur des valeurs de sensibilité compatibles avec une image de bonne qualité (variable selon les appareils).
Dans le cas de la photo rapprochée il faudra être particulièrement attentif au vent et éventuellement bloquer les mouvements intempestifs de la plante par un tuteur et limiter les effets des courants d'air par un écran constitué soit par un diffuseur, soit par un réflecteur.
La qualité de l'éclairement est un facteur primordial. Les contrastes lumineux très importants risquent de se traduire, au sens photographique, par des zones brûlées (surexposées) et des zones très sombres avec des ombres bouchées.
Un diffuseur translucide intercalé entre la source lumineuse et le végétal peut permettre de résoudre partiellement ce problème en atténuant les écarts d'éclairement. Un réflecteur blanc, ou éventuellement argenté peut déboucher des zones trop sombres et remplacer ainsi avantageusement un flash dont le rendu est souvent trop artificiel. Le flash peut être utilisé sans problème lorsque l'on dirige son éclair vers un réflecteur blanc orienté en direction du végétal. Les effets sont alors naturels et correspondent à ceux d'un éclairage indirect.
L'affichage d'un histogramme et son analyse permettent de vérifier la qualité de l'exposition après la prise de vue. S'il est décalé en butée sur la droite la photo est surexposée, si par contre il est décalé en butée sur la gauche, ce sera l'inverse et la photo présentera des zones sous exposées, ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que cet effet de sous exposition ne soit pas souhaitable, car il permet de préserver les hautes lumières et de mettre en valeur des zones éclairées.
Conseils de base à propos de l'utilisation d'un APN
- Toujours protéger la lentille frontale de l'objectif de l'appareil par un filtre, UV ou polarisant.
- Utiliser un pare-soleil adapté aux caractéristiques de votre objectif.
- Se munir d'un chiffon microfibres pour nettoyer le filtre ou les écrans de l'APN
- Eviter d'exposer l'appareil sous la pluie, sauf s'il est tropicalisé.
- Se munir d'une batterie (chargée) de rechange.
- Choisir la meilleure qualité possible pour l'enregistrement de vos fichiers (jpeg fin par exemple ou Raw pour ceux qui disposent d'un logiciel de "dérawtisation" (Lightroom ou DXO)
- Prévoir des cartes mémoires d'assez grande capacité (16 ou 32 Go par exemple), une carte supplémentaire n'est pas un luxe. Utiliser des cartes de très grande capacité : > 32 Go, présente l'inconvénient de mettre tous ses œufs dans le même panier et ainsi augmenter le risque de perdre un nombre considérable de clichés en cas de dysfonctionnement de la carte. L'idéal est d'utiliser un appareil numérique équipé de 2 slots de cartes mémoire, les fichiers images étant ainsi dupliqués sur deux supports de stockage différents.
- Adopter une position stable lors de la prise de vue à main levée. L'idéal est garder les coudes serrés le long du corps, de ne pas se crisper sur le déclencheur et d'être surpris par le déclic.
- Ne pas hésiter à débrayer l'autofocus si celui-ci s'avère récalcitrant lors de la mise au point. La mise au point manuelle avec contrôle dans le viseur est quasiment impérative pour la prise de vue rapprochée avec un reflex. Il est également possible, sur les reflex modernes, d'utiliser pour la mise au point une visualisation de l'image sur l'écran arrière (Liveview). La mise au point sur la zone d'intérêt peut-être alors très précise à condition de vérifier sa validité à l'aide de la fonction loupe de votre appareil. Enfin la technologie récente du "focus peaking" apporte un plus décisif sur la qualité de la mise au point. Les zones nettes apparaissent avec une coloration spécifique et vous pouvez de cette façon contrôler le réglage sur la zone d'intérêt et également l'étendue de la profondeur de champ.
- Dans le cas de la proxiphotographie, il est souvent nécessaire d'introduire dans l'image des éléments séparés et distants, une feuille et un bourgeon floral par exemple. La mise au point sur un des deux éléments n'entraine pas forcément que l'autre soit net. Il faut donc faire en sorte que le plan du capteur de l'APN soit parallèle au plan qui passerait par les deux éléments à photographier. Le plan du capteur correspond aussi à celui de la lentille frontale de l'objectif et également au plan passant par l'arrière de votre APN.
- Prendre le temps de bien peaufiner votre cadrage et de vérifier si des éléments inopportuns ne viennent pas polluer l'image.
- Evitez si possible de centrer le sujet dans le cadre et penser à donner une dynamique à votre image, elle permettra de faciliter sa lecture.
- Une grande ouverture peut-être nécessaire pour mettre en évidence un détail et laisser le contexte moins intéressant ou superflu de l'image dans un élégant flou d'arrière plan (le "bokeh"des japonais). La maîtrise de la profondeur de champ fait partie des techniques de composition de l'image.
- Profitez de la possibilité offerte par le numérique pour visionner immédiatement vos clichés et corriger d'éventuelles erreurs grossières d'exposition, de cadrage ou de mise au point.
- Ne pas considérer qu'à partir du moment où le numérique permet de prendre beaucoup de photographies sans contrainte matérielle il n'est pas nécessaire de réfléchir avant d'agir. Il est bon de raisonner comme avec la photographie argentique. Chaque cliché doit être construit et réfléchi, il faut se débarrasser de la mauvaise habitude de "mitrailler".
- Se munir d'un ciseau ou d'un petit sécateur pour éliminer une branche disgracieuse ou tout autre élément végétal qui nuirait à la qualité photographique.
- Prévoir quelques tuteurs et du lien plastique armé de jardin pour assurer des fixations rapides et limiter ainsi les mouvements des tiges générés par les courants d'air.
- L'utilisation d'un zoom et en particulier d'un zoom à forte amplitude de variation focale ne constitue pas la panacée universelle et n'apporte pas toutes les solutions à vos problèmes photographiques. Le zoom est pratique certes, il offre un réel confort de cadrage sans avoir à se déplacer. Il présente par contre quelques inconvénients majeurs.
Le premier d'entre-eux est de rendre le photographe fainéant. L'utilisation de la bague de zooming lui donne l'impression d'exploiter toutes les possibilités de cadrage en restant les deux pieds plantés dans le sol : erreur !
Ne pas bouger c'est se condamner à observer la plante ou l'arbre dans une perspective identique, en ne faisant que l'éloigner ou le rapprocher au sens photographique du terme. Il faut donc se déplacer pour modifier la perspective et ne pas céder au chant des bagues de zooming.
Le deuxième inconvénient d'un zoom est souvent sa faible possibilité d'ouverture maximale. Un zoom dont le diaphragme ouvre à f/4 permet déjà de réaliser des photos en faibles éclairements. C'est beaucoup moins vrai pour ceux dont l'ouverture maximale est le plus souvent de f/5,6.
Le troisième inconvénient d'un zoom est son tarif élevé lorsque l'on souhaite un équipement de bonne qualité optique combiné à des ouvertures maximales et constantes sur toute la plage focale, de l'ordre de f/4 ou f/2,8.
Il est donc parfaitement raisonnable d'utiliser des focales fixes comme solutions de rechange. Elles sont souvent moins onéreuses que les zooms et procurent une qualité optique de bon voire même de très bon niveau. Les aberrations chromatiques et les distorsions sont modérées et le piqué est le plus souvent au rendez vous. L'ouverture maximale du diaphragme est plus importante que celle d'un zoom standard, (f/2,8 pour un objectif 100 mm macro et f/1,8 pour un 50 mm, par exemple). Enfin les focales fixes obligent le photographe à se déplacer, à rechercher des perspectives, elles le font donc progresser.
Merci pour votre lecture attentive - Bonnes photos végétales
Cordialement
Michel