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Blog photographique biodégradable

Regards

Un air coquin

 

Libres Propos

 

Claude Sérillon

 

Un air coquin

 

Le Populaire du Centre - Samedi 12 novembre 2016

 

 

 

 

Stupeurs et tremblements. Menson­ges et victoires. Exemplaires ou pré­monitoires.

 

À court d'idées, faute d'avoir en­visagé l'actualité telle qu'elle s'est faite, outre-Atlantique, telle qu'elle est possible ici bientôt si l'on n'y prend pas garde, l'envie d'aller voir ailleurs est grande.

 

Les marins partis des Sables d'Olonne sur leurs voiliers à tra­vers les océans se sont mis à l'abri de toutes les peurs urbaines et des mauvais présages.

 

Alors prendre le train, aller mar­cher le long d'un cours d'eau, d'un canal où le vent souffle des risées en poussant les canards. Mettre la tête en l'air vers les pas­sages d'un soleil en train de jouer avec l'infini comme un grand gos­se qui s'amuse à bousculer des fourmis besogneuses.

 

S'arrêter ce jour-là au bord de l'hiver et lui trouver un air coquin. Les arbres se déshabillent sauf quelques pudiques. Le nu est de rigueur.

 

C'est le défi à l'envers des habi­tudes douillettes, contre la saison dite mauvaise mais dont il est pourtant de bon augure d'y voir une invite sensuelle à la caresse des écorces, au frôlement tendre des fleurs résistantes. C'est le mo­ment de la complicité terrienne.

 

D'ici le 25 novembre (veillez aux Catherine!), plantons, ramassons, entassons, calfeutrons. Les jardineries sont des refuges bienvenus où l'on se précipite en achats des­tinés à remplir l'avenir des yeux et des nez. En se laissant découvrir telle une amante sûre de son désir la nature fait fi de nos angoisses immédiates et promet des lende­mains jolis.

 

Seuls les cimetières en ce mo­ment éclatent de couleurs magni­fiques. Entre Toussaint et cérémo­nies du souvenir, on devrait bien comprendre que le temps pousse un à un tous les faits d'Histoire, même les plus terribles, et les ren­de dérisoires.

 

Ce qui ne doit cependant pas nous empêcher d'être vigilants en faisant le tri entre le bon grain et les charlatans. L'amplification médiatique démontre chaque soir, chaque matin, sa nocivité. Alors, vite, lisons, comparons, appre­nons en prenant le temps qu'il faut. Rien n'est plus dangereux que de se laisser séduire par la ru­meur et le spectaculaire.

 

L'hiver précède le printemps mais chacun a son rôle. Battre la campagne en insultant l'adversai­re puis aller lui serrer la pogne en se félicitant de pouvoir travailler avec lui en dit long sur la solidité du langage électoral.

 

Quelquefois on se réveille trop tard. Les Anglais victimes du Brexit en conviennent à présent. Les Américains ne vont pas tarder à le constater. Et les Français de­main... ■

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