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9 Novembre 2016
Libres Propos
Claude Sérillon
Le pire n’est jamais sûr
Le Populaire du Centre - Samedi 5 novembre 2016
Sachant que la catastrophe que l'on prédit et qui finit par arriver n'est jamais ceile à laquelle on s'est préparé, sachant que le pire n'est jamais sûr et que, par ces temps de chrysanthèmes, nos songes prennent des allures grises déprimantes, on peut effectivement annoncer que Trump, Poutine et Marine Le Pen seront bientôt ensemble.
Ensemble avec leur homologue chinois pour diriger le monde tandis que le Turc Erdogan s'occupera de la presse, c'est sa spécialité.
En détail, ce cauchemar cousin de Docteur Folamour (film de Stanley Kubrick) peut se développer en séquences de guerres froides et chaudes, en repli derrière des murs, en affrontements machistes et en extinction de toute contestation.
La tendance politique occidentale porteuse de démocratie et de progrès est fragile. Nombre de pays de l'Union européenne sont prêts à renier les avancées des droits des femmes, à se barricader contre tout ce qui n'a pas la même couleur de peau ou les mêmes modes de vie.
Aux Etats-Unis comme en Europe, en Asie comme en Amérique du Sud et, paradoxalement, peut-être moins en Afrique, se dessinent des choix électoraux à l'opposé d'une humanité généreuse.
Est-ce la peur démographique (nous sommes 7,3 milliards et bientôt 9 dans les décennies à venir) ? Est-ce la vision permanente sur tous les supports numériques de violences extrêmes? Est-ce le signe d'une société mondiale en train de bouleverser les grands équilibres du passé ? Nous avions pris l'habitude d'être dominants et voilà que la réalité sociale s'impose, qu'un rééquilibrage est urgent.
Les discours (et les actes pour certaines) des personnes citées plus haut ne doivent pas être caricaturés mais combattus. Ils transportent des mensonges et des illusions. Et plus c'est gros, plus ça passe. Le pire est attirant parfois. En flattant les peurs, en encourageant les replis sur un passé qui aurait été bien meilleur que le présent, de plus en plus de mouvements politiques ou religieux savent qu'ils jouent gagnants. Les foules sont terribles quand elles s'affranchissent du droit et de l'écoute attentive des autres. Il suffit alors de quelques leaders habiles et riches.
Heureusement, il y a aussi un monde généreux, bienveillant et plein d'initiatives. Il est plus discret, moins spectaculaire et donc à ce titre le plus souvent absent médiatiquement. C'est la résistance tranquille (parfois joyeuse) des citoyens. Ceux qui se persuadent chaque jour qu'il y a possibilité d'agir pour vivre mieux ensemble.
Je reprendrai le titre du dernier livre de Jean Teulé : Comme une respiration»...