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Blog photographique biodégradable

Regards

On garde la banane

 

 

La Chronique de Daniel Ruiz

 

La Montagne et le Populaire du Centre

Groupe Centre France

Le 3/5/2014

 

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Comme la quenelle d'Anelka est devenue le moyen d'expression des imbéciles, le lancer de bananes est celui des racistes des stades de foot. Manipulation, récupération, coup de pub... Peu importe, le phénomène n'est pas nouveau et à chaque fois la tristesse le dispute à la colère. Dani Alves, le footballeur du Barça, a répondu par l'humour, que les réseaux sociaux ont relayé. Reste que depuis un match à Liverpool en 1988, les bananes sur la pelouse et les cris de singe pour humilier les joueurs noirs sont insultes courantes partout en Europe. Que de violence et de médiocrité, que de ressentiments rances il faut avoir dans le coeur pour laisser l'indignité et la haine dominer la raison et bafouer les luttes de ceux qui ont inscrit Liberté, Egalité, Fraternité avec leur sang au fronton de nos mairies.

 

Le billettiste François Morel avait lui aussi choisi l'humour pour fustiger "la petite conne" qui attendait Mme Taubira avec une banane à Angers. Une belle et talentueuse indignation qui, hélas, pourrait être renouvelée chaque jour. Le père de la "petite idiote", plus coupable que sa gamine, va sans doute au foot dans les travées proches des lanceurs de banane ou des copains de Dieudonné.

 

Et à coup sûr, il est d'accord avec le propos colonialiste, passé presque inaperçu, de Michel Platini demandant aux Brésiliens des favelas de différer leur révolte de la faim pour ne pas perturber la Coupe du monde. Et si les ouvriers qui construisent les stades au Qatar pouvaient arrêter de se tuer sur les chantiers, ce serait bien aussi. Un comble de la stupidité qui mériterait bien un de ces coups de pied ajustés dont il avait le secret. Le mal est profond dans le football et dans la société. Les croix celtiques des ultras et autres skinheads infiltrés dans les virages des tribunes par les groupuscules ultranationalistes sont les témoins de la gangrène raciste qui ronge la tolérance et crache sur la tombe de Victor Schoelcher au Panthéon.

 

Le manger de bananes d'Alves a mis les rieurs et l'intelligence de son côté. Le lanceur a été exclu à vie, le propriétaire des Los Angeles Clippers banni pour propos racistes... Alors, même si elle ne doit pas cacher la forêt des tribunes indignes, allez, on garde la banane ! 

 


 

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Que dire de plus  ?

Une chose en sus de l'imbécilité et du racisme crasseux d'un certain nombre de "supporters": le sport se construit à l'image de notre société "d'économie de marché" (selon ses partisans) ou "ultralibérale" (selon ses détracteurs dont je fais partie). Les nouveaux riches font l'acquisition d'équipes de foot comme s'ils investissaient dans l'immobilier "premium", dans l'hôtellerie de luxe, etc ... Tout se monnaye, devient investissement, rentabilisation, exploitation, médiatisation, publicité, communication. Les joueurs eux mêmes sont achetés et l'on fait son marché à grand renfort de millions d'euros ! Désolant ! L'équipe de foot du PSG en est l'archétype. Elle constitue une caricature, une provocation à l'encontre de ceux qui se débattent dans leurs problèmes de chômage, de travail à temps partiel, de logement et de fins de mois difficiles. Mais il est également vrai que ceux qui souffrent socialement sont souvents spectateurs et supporters assidus, alors ? Alors rien n'a fondamentalement changé depuis la Pax Romana : panem et circenses !  Pour le pain il y a les Restos du Coeur ou le Secours Populaire. 

 

Gardons la tête froide, méfions nous des manipulations, des grandes messes sportives aux forts relents d'un fric à peine blanchi. Il s'en profile une prochainement, onéreuse et délirante. Elle va se dérouler au sein même d'un pays aux fractures sociales effarantes et ne respectant pas les droits fondamentaux d'une partie de sa population.

 

Allons voir ailleurs, dans le jardin par exemple, rien de tel pour rincer les neurones et orienter les esprits perturbés vers des horizons dégagés et prometteurs, sans perdre pour autant une once de lucidité et d'esprit critique, bien évidemment.

 

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