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Blog photographique biodégradable

Regards

Gilles Clément

 

 

 

Gilles Clément ou la vie d'un jardinier planétaire

 

par

 

Dominique Delajot

 

dominique.delajot@centrefrance.com

 

Recherche iconographique : m.carlue@free.fr

 

 


 

 

La Vallée aux pa­pillons est un paysage. Un lieu d'enfance où Gilles Clément, petit, allait observer les insectes. C'est là, sans doute, qu'a germé l'idée d'un éternel port d'attache. Un lieu néces­saire pour un écrivain voyageur.

 

La Vallée, c'est un bijou sur les rives de la grande baignoire du lac d'Éguzon, là où il plon­ge volontiers et se lave comme dans sa salle de bain. Gilles Clément a bâti sa maison à proximité de Crozant, dans la Creuse. Elle reste le foyer d'un homme plané­taire. Une fois l'ouvrage achevé, il a fermé la porte et il est parti faire le tour du monde.

 

Jardinier, paysagiste, hu­maniste, écrivain, il sem­ble tisser une toile autour d'une terre qu'il ne cesse de parcourir encore aujourd'hui. Il s'y promè­ne sur cette planète, il ob­serve et puis il rentre à la Vallée. Sur tous les terri­toires il sème ses projets comme des graines, plante ses réalisations toujours avec la même envie.

 

Gilles Clément est un pé­dagogue. Un passeur de savoir, un sage pour qui l'essentiel n'est sans doute pas dans la démonstra­tion, mais dans la lenteur de l'apprentissage. C'est une évidence, l'essentiel est dans la découverte et le partage. Le paysagiste est resté un entomologiste toujours émerveillé.

 

Oui il s'émerveille com­me à son plus jeune âge. Il prend un scarabée doré entre ses doigts, il semble regarder un bijou. La Val­lée aux papillons fut pour de nombreux étudiants un terrain d'étude.

 

Gilles Clément ne sort pas dans son jardin, il en­tre à l'extérieur, et souvent avec un sécateur à la main. Avec cet outil il cou­pe comme on gomme cer­tains traits d'un dessin ja­mais achevé, il coupe sans forte application, juste pour « dégager un peu le passage ». Il ne peste même pas contre les ron­ces envahissantes. Il allège un arbre de quelques branches mortes, tire sur la tige d'un liseron. Bien sûr il y a des tâches qui demandent plus d'énergie, mais celle-là doit être ré­gulière.

 

Et Gilles Clément écrit. La plupart du temps il écrit sur son carnet, un carnet souple. Le compa­gnon obligé quand on va de pays en pays. À l'inté­rieur : des paragraphes bien ordonnés, des fragments littéraires qui com­posent une oeuvre. Un jar­din de mots, un paysage d'histoires, un monde de poésie et à l'écouter on finit par être persuadé que tous les jardiniers sont philosophes.

 

La diversité de la biblio­graphie est grande : essais, romans... Elle tient de la richesse d'une prairie pai­sible où l'on aime se po­ser. L'homme apprécie l'usage mesuré des mots. Il arpente les langues avec délectation.

 

Du mot, il en a fait un objet essentiel dans son li­vre Thomas et le voyageur. « L'usage des mots finit par épuiser leur conte­nu », dit Thomas dans ce livre de référence.

 

Y a-t-il une similitude entre le paysage et le mot ? « En indonésien le mot paysage n'existe pas. »

 

Pour parler d'écriture, l'écrivain évoque le de­hors. Un saut intellectuel ? Non, un cheminement. Comme celui d'une vie qui a commencé tout petit avec les insectes. « Ce sont les insectes qui m'ont amené aux plantes. » « J'ai toujours été en retard sur tout. J'ai fait les choses en décalage. »

 

En fait, Gilles Clément a toujours pris son temps. Quand il a quitté sa maison une fois achevée, il devait partir quelques jours. Il est parti deux ans. •

 

Le calme et la lenteur n'empêchent pas la sur­prise. Lui-même souffri­rait de ne plus jamais être étonné. Mais la surprise, elle est aussi dans ses écrits. À tel point qu'il a eu du mal à convaincre les éditeurs avec son dernier manuscrit où il est ques­tion de Dieu, Robert de son vrai nom. Un futur li­vre dans lequel au travers de personnages très parti­culiers, un problème ma­jeur pour l'humanité se dessine.

 

2016 devait être une an­née de repos. Mais un re­pos très actif dont, entre autres, un travail avec l'as­sociation Les Mille Univers à Bourges. Les Mille Uni­vers : un nom qui lui va à merveille. Il rencontre des enfants et les habitants d'un quartier. Il explique le jardin en mouvement, le jardin planétaire.

 

Invité aux plus grandes tables, il en sourit et con­tinue de dessiner des jar­dins. Gilles Clément écrit la terre, cette terre qui parfume et inspire la main du jardinier-écrivain. 

 

 

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Quelques exemples de réalisations

 

 

 

Jardin des orpins

Jardin des orpins - Saint-Nazaire - Base sous marine

 

 

Cité modèle de Laeken - Bruxelles

 

 

Parc André Citroën

Parc André Citroën - Paris

 

 

Jardin du musée du quai Branly

Jardin du musée du quai Branly - Paris - Photo : Yamauchi Tomoki

 

 

Serres Parc André Citrën

Serres du Parc André Citroën - Paris

 

 

Parc Matisse - Lille

Parc Henri Matisse - Lille - En son centre, l’Ile Derborence fait référence aux forêts primaires des Alpes suisses, vierges de toute intervention humaine.

 

 

Parc Henry Matisse - Lille

Parc Henri Matisse - Lille - Photo : Yamauchi Tomoki

 

 

E.N.S. Lyon Lettres

Ecole Normale Supérieure Lyon (Lettres)

 

 

Hôtel d'Evreux - Paris

Hôtel d'Evreux - Paris

 

 

Jardin de la DRAC - Saint-Denis de la Réunion

Jardin de la Drac - Saint-Denis de la Réunion

 

 

Vulcania - Jardin de la faille Puy de Dome

Vulcania - Jardin de la faille - Puy de Dôme

 

 

Jardin de l'Arche de la Défense - Paris

Jardin de l'Arche de la Défense - Promenade des Gunneras - Paris

 

 

Abbaye Cistercienne de Valloires

Abbaye Cistercienne de Valloires - Le Riverel reconstitué

 

 

Blois - Jardin des Simples

Blois - Jardin des Simples

 

 

Gilles Clément dans son jardin

Gilles Clément dans son jardin - Photo : Yamauchi Tomoki

 

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Quelques repères

 

1943. Naissance à Argenton-sur-Creuse (Indre).

1967. Formation d'ingé­nieur horticole.

1969. Formation de paysa­giste.

1977.Il s'installe à Crozant dans la Creuse au bord du lac d'Éguzon.

1979. Professeur à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles.

  1. Première publica­tion du concept du jardin en mouvement issu d'une pratique effectuée dans son propre jardin en Creu­se. Il y aura quatre réédi­tions de l'ouvrage.
  2. Inauguration du parc André Citroën.

1997. Publication de Tho­mas et le voyageur, esquis­se du jardin planétaire.

1999. Exposition "Le jar­din planétaire" à La Gran­de Halle de La Villette.

2004. Publication du ma­nifeste du tiers paysage.

2006. Publication de La Sagesse du jardinier.

2009. Publication du livre Le Salon des berces.

 

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Un être global

 

Professeur à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles, Gilles Clément a signé de nombreux jardins en France - dont le musée du quai Branly - mais aussi partout dans le monde. Bien sûr, il a écrit sur les concepts qu'il a élaborés : le jardin planétaire, le jardin en mouvement, le tiers paysage. S'il est le plus connu des paysagistes français, il occupe aussi une place importante dans la littérature d'aujourd'hui. Sensible, ciselée, engagée, son écriture ressemble à ce qu'il est. Paru en 2010, Le Salon des berces raconte l'histoire de cette maison dans la Vallée aux papillons, puisque c'est là, qu'enfant, il venait observer les insectes. Il y séjourne six mois dans l'année. Ces livres sont souvent des quêtes initiatiques - Thomas et le voyageur, La Dernière Pierre... Le prochain est attendu avec impatience. L'observation du monde, de la nature, des animaux, des hommes lui a fait construire une œuvre globale.

 

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La maison de Gilles Clément à Crozant,  en Creuse

 

La Maison de Gilles Clément à Crozant dans la Creuse

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