18 Septembre 2011
Bonjour aux chers (ères) internautes de passage,
Je ne résiste pas à la tentation de vous soumettre le récit d'une petite mésaventure qui est arrivée à un ami très proche (CM : Charles Martel) dans l'exercice de ses fonctions (bénévoles) de photographe amateur.
Mon ami a été sollicité en 2010 par une très aimable jeune personne de ses relations, officiant à l'Office de tourisme d'A...., afin de constituer le troisième élément actif d'un jury de photographes dits "chevronnés" pour juger et désigner les heureux gagnants d'un sympathique concours photographique sans aucune prétention axé sur le thème du petit patrimoine local. Notre photographe, peu enclin à juger les autres puisque n'ayant pas lui même une forte opinion sur la qualité de ses propres productions "artistiques", décida néanmoins d'accepter la mission, par sympathie pour la jeune personne qui lui avait demandé ce service.
Le jour "J" arriva, la sélection fut rapidement effectuée, les membres du jury n'eurent aucune difficulté à s'accorder et donc à désigner le lauréat. C.M. fit connaissance avec ses "coéquipiers", ils lui paraissèrent dans la norme classique de la convivialité et de la sympathie, sans plus.
Notre membre du jury fit également acte de présence lors de la remise des prix effectuée en présence de certains édiles de la communauté de communes locale. Rien à dire, l'atmosphère était bon enfant et C.M., qui n'aimait pas du tout se mettre en avant, n'eut aucune difficulté à se tenir en retrait étant donné que les participants au concours, et c'était bien normal, étaient les plus exposés.
Il entendit le discours improvisé d'un adjoint au maire impliqué dans les activités culturelles de la commune. Il connaissait les poncifs habituels débités en ces circonstances et ne fut donc pas étonné par la banalité des propos tenus. Un élément concret ressortit cependant du brouillard, le concours photo serait renouvelé l'an prochain. Il y apprit en outre, en aparté, que la ville d'A. rendrait hommage au photographe Iris qui s'était réfugié dans la localité lors de la dernière guerre afin d'y échapper à la persécution nazie et y entrer en résistance. Un espace serait donc ouvert à sa mémoire et consacré à l'exposition permanente de ses photos en noir et blanc. C.M. trouva cette initiative excellente et le jeune journaliste, membre du jury, n'omit pas de lui signifier qu'il serait invité lors de l'inauguration du site. C.M. lui proposa de déposer, si cela lui faisait plaisir, des photos sur le blog collectif et participatif qu'il avait mis en place et qui traitait de sujets photographiques divers. Il n'entendit pas la réponse du journaliste ...... sans doute formulée très discrètement.
Le temps passa, 2010 se termina et 2011 pointa son nez, assez glacé au demeurant. C.M. oublia Iris et A. Cependant le quotidien départemental se chargea de lui réveiller la mémoire. L'espace Iris avait été inauguré et C.M. n'avait pas été convié, pas grave se dit-il, cela faisait partie des oublis classiques, C.M. ne devait pas appartenir au domaine des personnes facilement mémorisables, c'était somme toute banal.
A la fin juillet C.M. reçut un propectus sans aucune autre explication. Il émanait de l'O.T. d'A. et l'informait de la mise en place d'un concours photographique ouvert à tous amateurs et dont le thème concernait le petit patrimoine mais photographié cette fois en noir et blanc. Il lut le réglement sur lequel il était stipulé que le jury serait composé de photographes professionnels et d'élus. Il comprit donc (ou il crut comprendre ?) qu'il en avait été exclus sans ménagement et surtout sans l'ombre d'une explication. La première idée qui lui vint à l'esprit fut de participer à ce concours en tant que "compétiteur". Ce serait un moyen d'affirmer son existence quitte à déranger et également une façon de vérifier quels étaient les membres du jury, dès fois que ........
Il téléphona donc à l'O.T. d'A. pour s'enquérir si sa candidature était recevable ou non. L'hôtesse lui répondit de façon un peu embarassée que .... oui, si cela lui faisait plaisir. Il trouva la tonalité de la réponse un peu curieuse et eut l'impression de perturber l'ordre des choses. Cette réponse un tantinet évasive le conforta dans sa résolution, il soumettrait des photos au concours et serait présent à la remise des prix.
C.M. trouva les tirages des cinq photos qu'il avait choisies peu satisfaisants car souffrant d'un métamérisme important. Ils manifestaient en effet une dominante bleutée de mauvais aloi. Normal se dit-il, mon imprimante est douée pour la couleur et présente des faiblesses avérées dans le registre du noir et blanc, elle ne dispose pas de cartouche grise. Tant pis pour moi, j'aurais dû faire tirer ces photos chez un photographe professionnel conclua-t-il. Peu importe le résultat, j'aurai essayé et c'est là l'essentiel.
La date de la remise des prix arriva. C.M. se fit petit et se sentit un peu isolé dans la salle, mais, agréable surprise, l'hôtesse de l'Office du tourisme et la jeune personne qui l'avait sollicité l'année d'avant s'avancèrent vers lui et ils entamèrent une agréable discussion. Se serait-il donc fait des idées préconçues sur l'éventuelle incongruité de sa présence en ces lieux ?
Arriva le moment fatidique où l'édile responsable des affaires culturelles municipales d'A. entama son discours et, oh surprise, le journaliste membre du jury du concours 2010 fut présenté comme étant également membre du jury du concours 2011, son comparse était également celui de 2010, mais il n'était pas présent. Ils furent tous les deux présentés commes des photographes professionnels. Ce fut à la fois franchement hilarant et un peu révoltant dans la mesure où l'intéressé présent ne rectifia même pas cette information erronée !
C'est alors que C.M. entendit un propos très étonnant : "Monsieur Charles Martel était membre du jury l'an dernier et il est compétiteur cette année". La citation de son nom devant l'ensemble de l'assistance présentait indéniablement une teneur culpabilisante parfaitement insupportable et totalement injustifiée. Le jeune journaliste baissa la tête et C.M. m'avoua qu'il aurait bien poussé une gueulante histoire de se défouler mais que le jeu n'en valait pas la chandelle et que ce n'était pas la meilleure manière de se faire remarquer. Comme il s'y attendait C.M. n'eut pas l'ombre d'une photo remarquée dans le lot des cinq qu'il avait déposées. Ce n'était pas étonnant dans ce contexte et cela n'enlevait rien au réel mérite des gagnants.
L'histoire était bouclée, C.M. rengorgea sa profonde irritation, s'éclipsa au plus vite, récupéra sa voiture et oublia de s'équiper de la ceinture de sécurité. Les gendarmes étaient bien évidemment postés au rond point le plus proche. C.M. fut arrêté, contrôlé, y compris pour son taux d'alcoolémie. Mais les vents tournèrent et les gendarmes, sympathiques, ne le verbalisèrent pas et amorcèrent même une conversation avec lui, OUF !
La morale de cette petite histoire, sans importance et de peu d'intérêt, c'est que l'hypocrisie et la magouille de bas étages peuvent s'exercer dans tous les domaines, y compris dans celui de cet art mineur que constitue la photographie dans le contexte d'un petit concours très anodin. C.M. s'en souviendra !