17 Avril 2012
Une mission partira le 2 mai vers le "7ème continent" de plastiques
Guidée par des satellites high-tech, une goélette française des années 1930 va prochainement partir à la découverte du "7ème continent", gigantesque plaque de déchets plastiques flottant sur l'océan Pacifique et grande comme six fois la France.
"Choqué par les déchets rencontrés dans l'océan" lors de sa participation à une course en solitaire transatlantique à l'aviron en 2009, l'explorateur Patrick Deixonne a décidé de monter cette expédition scientifique pour alerter sur la "catastrophe écologique" en cours dans le nord-est du Pacifique.
Cette plaque de déchets est "située dans des eaux peu concernées par la navigation marchande et le tourisme, le problème n'intéresse que les écologistes et les scientifiques. La communauté internationale ne s'en soucie guère pour l'instant", estime-t-il.
Membre de la Société des explorateurs français (SEF) qui parraine l'aventure et fondateur d'Ocean Scientific Logistic (OSL), basée à Cayenne en Guyane française (Amérique du Sud), Patrick Deixonne explique vouloir "être les yeux des Français et des Européens sur ce phénomène".
Ex-sapeur pompier au Centre spatial de Kourou et fin connaisseur de la forêt guyanaise, Patrick Deixonne, 47 ans, se définit comme un "explorateur d'une nouvelle génération qui doit documenter les grandes problématiques environnementales, car l'information est la clef du changement".
La mission "7ème continent" appareillera le 2 mai de San Diego (Etats-Unis) à bord de l'Elan, une goélette à deux mâts de 1938, pour un mois de navigation et un périple de 2.500 milles (4.630 km) entre la Californie et Hawaï, où l'explorateur Charles Moore a découvert par hasard en 1997 cette incroyable nappe de débris plastiques.
Au point de rencontre des courants marins
Jusqu'à présent, hormis un passage de la mission Tara-Océans dans la zone pour y prélever du plancton, seules deux expéditions américaines l'ont étudiée, en 2006 et 2009. Les déchets s'amalgament au point de rencontre de courants marins qui s'enroulent sous l'effet de la rotation de la terre, selon le principe de la force de Coriolis, et forment un immense vortex appelé "gyre". La force centripète aspire lentement les détritus vers le centre de cette spirale qui serait l'une des plus importantes connues sur la planète : 22.200 km de circonférence et environ 3,4 millions de km2, selon le Centre nationale des études spatiales (Cnes) qui parraine le projet.
Charles Moore et Patrick Deixonne