13 Septembre 2010
L'église
Elle ne paie pas vraiment de mine extérieurement. Le crépi est gris et austère, il est même décrépi sur les faces qui ne donnent pas sur la place de la mairie ..... Seules quelques statues en bois sculpté viennent l'égayer.
Le clocher est assez banal mais il devient plus original dans sa partie sommitale, le cuivre de la couverture y prend une couleur vert de gris assez seyante.
Je suis resté sur la triste impression d'un cimetière abandonné et d'un clocher d'église dégradé sur sa face cachée. Je me dis que l'on n'entretiendrait à Morzine que ce qui se voit le plus ? J'ai probablement tort, mon esprit critique s'exacerbe, il va falloir que je me calme.
Je n'ai qu'un vague souvenir de l'intérieur de cet édifice voué au culte divin. Je ne suis pas un abonné aux communications en ligne directe avec dieu. Je ne sais ni mettre un nom, ni un visage sur le tout puissant. Pour tout dire j'appartiendrais plutôt à la tribu des agnostiques à tendance athée.
La lecture des journaux ou l'écoute de la radio me confirment significativement sur la validité des principes fondamentaux qui régissent une partie de ma vie : "la meilleure manière d'aborder la pratique religieuse est de l'ignorer". Ce point de vue est radical mais il me parait un des garants de la tolérance entre les individus et les peuples. Si nous souhaitons un jour (lointain) vivre en paix sur terre prenons au moins du recul avec les projections douteuses vers un futur incertain, tel est mon credo. Il y a tellement d'autres causes potentielles aux antagonismes et aux conflits terrestres qu'il n'est point utile d'en rajouter.
De plus l'exercice de la spiritualité n'est pas l'apanage de la religion et encore moins celui de la religiosité à caractère intégriste. La science, la philosophie, l'art ainsi que la contemplation de la nature permettent une élévation de l'esprit qui facilite la méditation. Les animaux surdoués que nous sommes ont alors conscience d'appartenir à leur environnement terrestre et universel. Le chemin de la sagesse et de l'humilité passe probablement par là.
Le concept de "vie éternelle" ne semble raisonnablement non contestable que lorsqu'il est envisagé sous l'angle de la reconversion de nos molécules organiques en éléments minéraux universels, au moment de notre mort. Toute autre considération à ce propos entre dans un domaine spéculatif et donc forcément hasardeux. Qui peut soutenir l'inverse avec certitude ?
Je me suis certainement fait un certain nombre d'amis parmi les personnes fortement préoccupées par leur avenir post mortem. Le contenu écrit ou photographique d'un blog ne peut pas plaire à tout le monde.
Le retour vers les considérations triviales qui ont motivé le début de cet article s'impose donc. Je me trouve devant l'église de Morzine, je me dis qu'il est absolument impossible d'identifier le fait que je sois un infâme mécréant et que peux donc pénétrer dans l'édifice sans crainte. J'entre et, surprise, je découvre une beauté intérieure fastueusement colorée, à cent lieux de l'austérité des murs extérieurs.
Je vous laisse tout à loisir contempler quelques éléments de ce que l'on peut qualifier, sans se tromper, d'expression artistique de type baroque savoyard. Ce décor constitue peut-être une idée du paradis .......
La spiritualité a des avantages, elle s'est exprimée sur les parois des grottes de Lascaux et poursuit son cheminement avec un bel entêtement afin d'embellir notre perception visuelle et de transcender notre imaginaire. Merci aux artistes !