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Virtuel - 5

 

 

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Il tenta de récapituler l'essentiel de ce qu'il avait retenu. En fait, pensa-t-il, le virtuel s'oppose à l'actuel, l'un étant sans existence réelle et l'autre parfaitement concret et tangible, les deux se contrariant dans l'instant. Ceci était parfaitement compréhensible.

 

Par contre, la théorie selon laquelle le possible s'oppose au réel lui paraissait peu nuancée et en bien des points improbable. Il n'osa pas tenter une démarche auprès de l'affriolante Encyclopédie afin de vérifier les dires de Wouikipédal. La belle eut trouvé son initiative osée après l'affront qu'il lui avait fait subir il y avait de cela peu de temps.

 

Peut-être existait-il une explication convaincante, qu'il n'avait pas su saisir, à propos de cette confrontation entre le réel et le possible ? En réfléchissant sereinement, en dehors de la fascination exercée par le mirobolant écran de l'orgueilleux Iproxenet, pourrait-il clarifier ses raisonnements ?

 

Iproxenet n'appréciait pas que l'on oublie de s'intéresser à lui et de délaisser son magnifique clavier "ultraslim" tout "alu". Il ne manqua pas de le signaler à son utilisateur en lui exprimant de manière vigoureuse que réfléchir c'était perdre son temps et qu’il était seul détenteur de l'efficacité et de la connaissance universelle. Sa puissante technologie et son impressionnant réseau de relations mondiales lui autorisaient toutes les audaces intellectuelles.

 

Arthur ne tint pas compte de ces déclarations prétentieuses et il se replia dans une attitude méditative au travers de laquelle Iproxenet ne pouvait plus interférer. Notre apprenti philosophe pensa qu'une profonde réflexion pourrait lui révéler ne serait-ce qu'une parcelle de vérité.

 

Ce qui est possible c'est effectivement l'idée que l'on peut se faire d'une éventuelle réalité à venir, se dit-il. Cette possibilité n'est envisageable qu'à partir d'éléments du réel dont on a la connaissance et que l'on maîtrise.

 

Par exemple, l'homme sait qu'il peut, avec les outils et le savoir-faire dont il dispose, remettre en état un jardin avant le grand réveil printanier. Seule une grande lassitude physique ou l'absence même d'un terrain à jardiner ainsi que celle des outils adaptés peuvent l'empêcher de passer à l'acte et de faire évoluer le possible en réalité cultivable et cultivée. De la même manière, un technicien en appareillage électroménager peut diagnostiquer l'origine d'une panne, envisager la possibilité de la réparation et se donner les moyens de l'effectuer.

 

Arthur se disait qu'il ne voyait pas, dans les deux exemples très simplistes qui lui venaient à l'esprit, de confrontation entre le possible et le réel. Tout au plus pouvait-il admettre que ce qui paraissait possible à un esprit humain rationnel n'était pas forcément réalisable.

 

Il reprit contact avec Iproxenet, qui ne manqua pas de marquer son mécontentement par un signal sonore de réactivation intempestif, et reconsidéra la phrase qu'il avait cru comprendre auparavant. 

 

Il y était dit : "Pour reprendre un exemple régulièrement cité, l'arbre est virtuellement présent dans la graine. Le virtuel est ce qui existe en puissance et non, en effet, de manière concrète mais agit par l'actualisation". Jusque là pas de problèmes, Arthur comprenait parfaitement cette explication comme il lui semblait déjà l'avoir comprise précédemment.

 

Mais après : "Ainsi le virtuel se distingue du possible dans ce qu'il n'est pas prédéterminé". Comment cela, comment peut-on prétendre qu'un embryon d'arbre contenant en lui même, au sens génétique, toutes les potentialités de son passage à l'état d'individu hautement différencié n'est pas prédéterminé ? Ce raisonnement est pour le moins abscons pensa Arthur. L'embryon de l'arbre logé dans la graine appartient au domaine du possible, j'en suis certain. Les éventualités qui l'empêcheraient de germer sont nombreuses, il est vrai. Cet embryon peut-être mal formé, il peut ne pas pouvoir s'hydrater et s'oxygéner correctement, il peut être attaqué par des parasites, il peut ne pas pouvoir se dégager de l'emprise du tégument de la graine, il peut être inhibé par des composés phénoliques appartenant à son enveloppe, etc, etc. Je prends en compte tout cela, mais considère tout de même que notre embryon, malgré les obstacles à sa germination, est prédéterminé à devenir un arbre et que cela entre dans le domaine du possible. Qui peut oser prétendre le contraire ?

 

Wouikipédal pouvait prétendre le contraire bien sûr ! " Ainsi le virtuel se distingue du possible dans ce qu'il n'est pas prédéterminé et, par conséquent, imprévisible, répondant à une multiplicité de paramètres". De qui se moquait-t-on se disait Arthur, ces considérations Wouikipédalesques étaient fantaisistes, la germination d'un arbre était prévisible, malgré les aléas.  Pouvait-on également considérer que la rencontre d'un ovule et d'un spermatozoïde, résultant d'un acte fusionnel entre la femme et l'homme ne conduisait pas à la possibilité d'une fécondation, avec pour finalité la procréation et l'arrivée d'un nouveau petit d'homme ? Mais bon, il était également vrai que la finalité d'une fusion amoureuse pouvait-être différente et intégrer la recherche du plaisir de l'autre associée à la sensualité infinie des préliminaires amoureux, sans oublier bien sûr l’apothéose en bouquet final de l’envol orgasmique.

 

Oui, tout cela appartenait également au domaine du possible et nécessitait une actualisation (cf Wouikipédal). Le concept de l'acte gratuit était très louable dans le domaine amoureux, n'en déplaisait aux éminences suprêmes de la Sainte Eglise Catholique et à leurs principes souvent malsains et éculés. Pouvait-on considérer qu'un acte amoureux appartenait à la virtualité à partir du moment où il n'était pas un acte à finalité reproductrice ? Arthur prenait délibérément le parti de l'acte gratuit.

 

 


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