Blog photographique biodégradable
31 Janvier 2014
Walker Evans est né le 3 novembre 1903 à Saint-Louis dans le Missouri.
Il étudiera au Williams College en 1922-1923, puis il s'expatriera une année en France pour y entreprendre des études littéraires à la Sorbonne, en 1926. Walker Evans n’était pas destiné à devenir photographe, il était imprégné de littérature française.
Flaubert m'a fourni une méthode, Baudelaire un esprit. Ils m'ont influencé sur tout. (Walker Evans, 1971).
Il ne débuta la photographie qu'en 1930, après une vaine tentative de carrière dans l'écriture. Il obtint une bourse de la Fondation John-Simon-Guggenheim en 1940, 1941 et 1959. Il entrera au magazine Time en 1945 et à Fortune en 1965. Cette même année, il devint professeur de photographie à l'école d'art de l'université de Yale.
Evans a été clairement identifié comme un photographe talentueux à l'issue de son travail autour de la grande dépression économique du siècle dernier. Ce reportage photographique était commandité par la Farm Security Administration (FSA). Les images des métayers de l'Alabama, au même titre que celles de sa consoeur Dorothea Lange sont très représentatives d'un courant photographique qui se veut proche des humains de condition modeste et en grande difficulté. Lewis Hine en a été le précurseur.
Un sujet photographié par Evans regarde droit vers l'objectif. Il a parfaitement conscience de sa situation et ne sourit pas pour autant complaisamment. Cette technique photographique frontale renvoit le regard de la personne photographiée en direction de l'observateur. Elle l'interroge, elle accuse, elle dénonce. La dignité humaine mise à mal par la misère est préservée, peu importe les visages amaigris et les vêtements en loques. Nous retrouvons chez Evans la même technique frontale de prise de vue ainsi que la même intention lorsqu'il pratique la photo dans le métro New-Yorkais. Par contre, dans ce cas, il s'agit de photos volées, c'est-à-dire prises à l'insu des personnes photographiées. Evans y montre une réalité, celle de personnes tristes, fatiguées et finalement enfermées dans la solitude de leur quotidien. Leur dignité n'est en rien altérée.
Je ne cherchais rien, les choses me cherchaient, je le sentais ainsi, elles m’appelaient vraiment. Walker Evans.
Evans ne s'est pas intéressé qu'aux personnes, il a également utilisé sa technique de prise de vue frontale pour photographier des paysages ruraux et urbains, des bâtiments et des intérieurs. Ces environnements étaient tous marqués du sceau entropique de l'activité humaine. Ainsi a-t-il fini par photographier des choses de plus en plus petites : des portions de sol, des poubelles, des détritus assemblés par le hasard. Cette approche se caractérisait donc aussi par une exigence de réalité, celle qui avait déjà été la sienne lors de son travail photographique sur la "grande dépression".
Evans sera également un adepte de la rigueur du cadrage et de la composition photographique. La technique austère de prise de vue frontale était exigeante à cet égard. Il recoupait ses négatifs au ciseau pour être sûr que le studio de développement fasse le bon cadrage de ses images. La lumière n'était pas oubliée et quoi de mieux qu'un éclairage rasant pour donner du relief à ses cadrages de face.
Son ami Cartier-Bresson dira simplement : Sans le défi que représentait son œuvre, jamais je ne serais resté photographe…
____
Je vous laisse en compagnie de quelques oeuvres de ce photographe génial. Elles sont regroupées selon quatre thèmes, à savoir :
- le photographe de la "grande dépression";
- le photographe du métro;
- le photographe de l'environnement humain;
le photographe des détails ordinaires.
Merci pour m'avoir lu jusqu'au bout.
Walker Evans
___
Le photographe missionné par la FSA auprès des fermiers d'Alabama touchés par la grande dépression économique.
Le photographe des clichés volés dans le métro New-Yorkais
Le photographe de l'environnement humain
Le photographe des détails ordinaires
_____
Walker Evans