5 Juin 2012
Au jardin, on ne triche pas. C'est l'un des enseignements dispensés par le cueilleur, botaniste et herboriste creusois, Thierry Thèvenin.
Bio Express De Thierry Thèvenin
Agriculteur cueilleur, botaniste de terrain autodidacte, phytothérapeute, herboriste, enseignant pour la formation professionnelle, président du syndicat des simples, Thierry Thèvenin oeuvre depuis vingt ans pour la recherche, la pratique, la transmission des savoirs traditionnels et modernes autour des plantes sauvages alimentaires et médicinales. Il collabore à des magazines, notamment Massif Central Magazine et l'Ecologiste. Il est installé à Mérinchal (Creuse).
Contact : thevenin@herbes-devie.com
Dans son jardin, en Creuse, Thierry Thèvenin plaide pour une nature politique et humaine.
Que peuvent nous réapprendre les jardins ?
A retrouver de l'autonomie par rapport à une société marchande. Le jardin, et l'environnement au sens plus général, est une occasion de liberté et un lieu d'expression, où l'on n'a pas sans cesse des règles et règlements sur le dos ; on en a besoin.
C'est un endroit où l'on peut retrouver le vrai sens de l'économie. Le jardin est un lieu clos, pas indéfini; quand il n'y a plus de cerises, il n'y en a plus ... On voit directement les limites des ressources de la vie.
Ont-ils une valeur humaniste au-delà du politique ?
Ils portent un vrai enseignement sur la valeur de la vie, limitée et renouvelée à la fois; un antidote à la société virtuelle. Un jardin rythme le temps, on vieillit avec. C'est un lieu où l'on ne maîtrise pas tout, alors qu'avec la technologie dont on s'entoure, on a l'illusion d'être le maître. Dans un jardin, on a des artifices bien sûr, mais on ne peut pas jouer avec la météo. C'est la nature qui décidera au final. Il nous ramène à une certaine réalité du vivant, et à notre réalité.
Le jardinage est à la mode, est-ce un mouvement de fond ?
J'ai l'impression que de plus en plus de gens comprennent qu'il s'agit de faire avec, de trouver des équilibres. L'époque du jardin à la française, de l'homme qui domine la nature, est révolue. Je pense qu'il y a quelque chose qui vibre un peu à l'unisson sur tous les continents, dans tous les pays.
Prend-on bien soin de la nature pour autant ?
Un jardin, c'est un peu comme un enfant; on peut se montrer dirigiste, castrateur. Le protéger, est-ce le laisser s'exprimer ou le contrôler ? Comme un enfant, il a sa vie propre, on ne fait pas toujours ce qu'il faut pour son épanouissement. En fait, le jardin, c'est un partage. L'équilibre est un fantasme, chaque action crée des déséquilibres, parfois même sans qu'on s'en doute; un pas, le moindre geste a une conséquence. C'est pour cela qu'on a une vraie responsabilité, comme avec un enfant.
Par Blandine Hutin
blandine.hutin@centrefrance.com
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PS : j'ai eu l'opportunité et le plaisir de cotoyer Thierry Thèvenin au cours d'un stage consacré à l'activité photographique appliquée aux végétaux, dans le cadre de la Station Universitaire du Limousin (SULIM). J'ai beaucoup apprécié son humanisme, sa compétence, sa disponibilité et sa simplicité.
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