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Regards

Enseignement et inégalités

 

 

 

 

Notre éducation n'est pas nationale !

 

Edito du MONDE

12/04/2012

 

 

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Mesdames et messieurs les candidat(e) s à l'élection présidentielle, aucun de vous ne peut l'ignorer : les maux dont souffre notre système scolaire sont alarmants. Longtemps, nous avons voulu croire qu'il restait l'un des meilleurs au monde. Tout démontre, aujourd'hui, qu'il est devenu médiocre et, à certains égards, désespérant.

 

 

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Médiocre ? C'est le constat en quatre points dressé par tous les rapports récents, de l'OCDE ou du Conseil économique, environnemental et social, du Haut Conseil de l'éducation ou de la Cour des comptes :

1. Chaque année, dans une sorte d'indifférence catastrophique, 150 000 jeunes sortent du système sans qualification.

2. L'effort budgétaire de la France en faveur de l'éducation est de plus en plus à la traîne par rapport aux autres pays de l'OCDE, en particulier pour l'enseignement primaire, où se créent des retards souvent irrémédiables.

3. Ce malthusianisme, symbolisé depuis cinq ans par la suppression de quelque 70 000 postes, achève de démoraliser un corps enseignant qui n'en avait pas besoin.

4. Les compétences des élèves de 15 ans se dégradent par rapport à celles de nos voisins ; loin de corriger les inégalités de départ entre élèves, l'école française a tendance à les aggraver.

Le nouveau (pré) rapport de la Cour des comptes dont nous avons eu connaissance rend le diagnostic plus désespérant encore. Au terme d'une longue enquête sur la répartition des moyens entre académies et établissements, les magistrats de la Rue Cambon concluent ceci : "Le système scolaire français se caractérise par l'importance et la persistance des inégalités, au rebours de l'objectif d'égalité des chances fixé par le code de l'éducation."

En clair, qu'il s'agisse de l'affectation d'enseignants expérimentés ou des taux d'encadrement, l'Etat favorise les écoles, collèges et lycées déjà les mieux dotés et accorde moins de moyens à ceux qui sont les plus défavorisés et réussissent moins bien. Dans la plus grande opacité, cette discrimination s'est aggravée ces dernières années, et elle n'est pas corrigée par les contributions des collectivités locales. Elle réduit à néant l'effort supposé des zones d'éducation prioritaires, censées donner plus à ceux qui ont moins.

Mesdames et messieurs les candidat(e) s, nous avons lu vos propositions. Chamboulement institutionnel et statutaire ici (N. Sarkozy), recrutement de 60 000 enseignants ou personnels là (F. Hollande), etc. Chacun mesure la difficulté qui sera la vôtre, demain, si vous êtes élu : repenser en profondeur notre système scolaire, c'est risquer de braquer les enseignants, d'irriter les parents d'élèves, de révolter la jeunesse. Cela fait beaucoup de monde...

Mais vous savez aussi qu'il n'y a pas de projet de société digne de ce nom sans projet éducatif. Là se joue l'avenir d'un pays, celui des jeunes et de leurs familles, celui des entreprises et de leur compétitivité, celui de la République et de ses devoirs. Il n'est pas trop tard pour ouvrir sans tabou cet immense chantier. Il y a même urgence.

 

 

 

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Ce problème est fondamental, certes les parents ont une énorme responsabilité dans l'éducation de leurs enfants, notamment dans l'apprentissage du respect des autres, de la persévérance dans le travail, de la tolérance et de la curiosité intellectuelle. Mais malheureusement, à ce niveau là, les écarts se creusent de façon irrémédiable entre les enfants dont les parents ont les moyens et la volonté de s'investir et les autres ...

 

Il reste alors l'ultime recours de l'école publique pour pallier aux difficultés des élèves défavorisés dans leur cadre familial. Mais il apparait que cette école là se dégrade en raison de causes multiples. Le fait que la répartition des moyens alloués soit très injuste et favorise les établissements scolaires des zones urbaines ou des régions socialement privilégiées est un fait accablant. Un candidat aux élections présidentielles qui aura la volonté de remettre de l'ordre dans ce fatras profondément inégalitaire serait dans le vrai. Celui qui, à l'inverse, a participé, de par ses choix politiques, à la dégradation du système éducatif public a gravement fauté vis à vis de  la jeunesse de son pays. Il n'y a rien d'autre à ajouter, tout autre considération serait superflue. Si, au fait, la police, à laquelle on demande de l'efficacité avec de moins en moins de moyens n'est-elle pas dans le même cas que l'éducation nationale ? Mais où va donc l'argent dont les "économistes atterrés" nous disent qu'il n'y en a jamais eu autant en France ?

 

M.C.

 

 

 

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