3 Mars 2012
Anna Politkovskaïa est morte il y a six ans.
Une journaliste courageuse, défenseure d’un Etat de droit, victime d’un crime d’Etat sans coupable. L’un de ses biographes expliquait que son assassinat avait eu le mérite de révéler la vraie nature du système Poutine. Une dictature de fait qui muselle ou tue les opposants, censure les médias, contrôle la justice et profite d’une économie de rente et corrompue.
Anna Politkovskaïa expliquait dans ses mémoires posthumes que «les tchékistes occupent le pouvoir, ils ont vu nos peurs et nous traitent comme des animaux». Allusion à ceux que les Russes appellent «les slivokis», «les services», dont Vladimir Poutine, ci-devant lieutenant-colonel du KGB, est le meilleur symbole.
Elle disait aussi : «Nous sommes tous responsables de la politique de Poutine», lui qui fut des années durant héros d’une grande Russie dont il exploite les mythes chauvins et religieux.
Avec Poutine, toute une classe moyenne a cru pouvoir s’enrichir fût-ce au prix d’une restriction de ses libertés.
C’est ce contrat qui est aujourd’hui brisé. La Russie est pauvre et serve. Comme le disent les manifestants d’une autre Russie, de cette société civile qui rejette cet histrion prêt à tout pour régner dix ans de plus sur le Kremlin.
Poutine peut encore gagner les élections de dimanche, contrôlées par les services et manipulées par les télés à sa solde. Il fera voter des âmes mortes. Mais son système est épuisé. L’avenir de la Russie se jouera sans lui.