5 Septembre 2012
La commune de Théus, c'est avant tout une diversité de paysages : depuis les bords de la Durance jusqu'au sommet du Mont Colombis (1 733mètres), en passant par ce qui rend le coin si attractif : les demoiselles coiffées. Résultat de l'érosion, les Demoiselles Coiffées, sont des colonnes de pierre friable d'origine jurassique supportant des pierres granitiques.
Selon la légende : " Les demoiselles de Théus, réputées en ce temps-là pour leur beauté, se laissèrent aller à une dernière farandole, un soir de bal, avec leurs grands chapeaux plats sur la tête. Mais, alors que le douzième coup de minuit sonnait à l'église de Théüs et qu'elles dansaient dans le Vallon de Vallauria, un hurlement diabolique les figea à jamais."
Il existe de nombreux exemples de formation de cheminées des fées dans le monde mais toutes n’ont pas la même origine et n’ont pas été formées de la même manière. A Théus, les Demoiselles coiffées ont une origine fluvio-glaciaire contrairement à d’autres sites dans le monde qui ont une origine volcanique (comme les cheminées des fées de Cappadoce en Turquie).
Deux théories s’affrontent pour expliquer la formation des cheminées de fées dans un environnement fluvio-glaciaire. Selon la théorie classique, les cheminées sont le résultat de l’action de la pluie qui entraine les matériaux constituant l’ancienne moraine à l’exception de la partie située sous de gros rochers de pierre dure qui protègent les sédiments de la pluie et exercent sur eux une pression telle qu’ils les compactent de sorte que ces sédiments résistent mieux à l’action érosive de la pluie et du ruissellement.
Certains géologues pensent que la pression exercée par le rocher sur les couches inférieures est quasiment nulle et que la protection contre la pluie offerte par le rocher est insuffisante pour expliquer la formation des cheminées. Selon eux, la présence du rocher empêche la remontée capillaire des eaux ce qui favorise le dépôt de leur charge minérale et provoque la cimentation des sédiments situés sous le bloc rocheux. Dans ce cas, l’érosion ne construirait pas les cheminées au fur et à mesure que le ruissellement des eaux dégage les sédiments mais ne ferait que dégager des colonnes déjà formées et solidifiées par cristallisation.
A Théus, les roches qui composent les Demoiselles remontent à l’ère tertiaire au cours de laquelle se sont formées les Alpes mais le phénomène géologique qui a créé les Demoiselles a commencé il y a 30 000 ans seulement et continue encore aujourd’hui.
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Nous avons emprunté le sentier qui, partant des environs de Théus, montait en direction du belvédère des Demoiselles. Son parcours présentait le triple intérêt de pouvoir contempler de près les cheminées des fées, de découvrir les espèces végétales introduites pour limiter l'érosion (décrites par les panneaux explicatifs de l'ONF) et enfin d'observer la mise en place d'ouvrages destinés à lutter contre les dégradations provoquées par le ravinement torrentiel.
Voici quelques photographies du site. Elles ne sont pas forcément conformes à la réalité. Je me suis en effet affranchi des standards de la représentation photographique de style carte postale. Vous trouverez donc ici des clichés en couleurs (pas forcément naturelles), des représentations après virages sépias (terre, or ou ordinaire) et des photos en noir et blanc. Les logiciels utilisés en cette occasion sont respectivement : DxO Optics Pro 7, DxO Film Pack 3 et Photoshop Elements 9.
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Les Demoiselles coiffées de Théus résultent de l’action du ravinement torrentiel qui recreuse un ancien colmatage de la vallée par des alluvions fluvio-glaciaires.
Le site de Théus est lié à l’histoire géologique de la vallée de la Durance qui coule tout près de là. Cette vallée a vu passer, lors de la dernière glaciation quaternaire (würm), l’un des plus grands glaciers des Alpes occidentales (140 km). Dans la région de Théus, la vallée de la Durance présente un profil en U qui témoigne de son origine glaciaire.
L’important glacier qui a creusé la vallée de la Durance a empêché l’écoulement des alluvions fluvio-glaciaires provenant des vallons affluents. Ces alluvions ont donc rempli les vallées secondaires jusqu’à un niveau proche de celui du sommet de la glace du glacier principal. Ce niveau est évalué à 1500 mètres. Ces alluvions se sont donc déposés, sur les couches en place (datées du Lias inférieur) en marge du glacier qui coulait dans la vallée principale.
Le ravinement a ensuite provoqué la remise à nu du soubassement rocheux des anciens vallons qui avaient été comblés pendant la dernière glaciation. Ce soubassement (bedrock) est ici formé de gypse et de dolomies triasiques.
Le bedrock (lit rocheux) désigne le soubassement rocheux, en place, d’une accumulation alluviale (alluvions fluviatiles ou glaciaires, éboulis… en général d’origine quaternaire). Il est constitué de roches véritables, sédimentaires ou cristallines, suffisamment compactées pour être à la fois peu poreuses et peu friables, à la différence des alluvions. d’après Géol-Alp
Le matériau de ces alluvions est très hétérogène et comporte de gros blocs laissés par les glaciers. Lors de l’érosion par la pluie et le ruissellement, ces blocs forment un toit protecteur qui met à l’abri les alluvions plus meubles de leur soubassement.
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Sources :
Serre Ponçon - Vallée de l'Ubaye
Randomania : Les demoiselles de Théus