Blog photographique biodégradable
1 Octobre 2014
Le temps était assez gris à Embrun avant qu'il ne devienne fortement orageux et pluvieux en fin de journée. J'adore les tons pastels et les ombres adoucies, ça tombait bien. J'avais abandonné mon gros reflex pour un appareil comparativement très petit, pesant 350 g sans l'objectif, c'est-à-dire en fait un poids plume. Cet équipement relativement discret permet de photographier dans un environnement urbain sans trop se faire remarquer.
A ce propos, je me suis fait apostropher par deux fois ces temps derniers, pour avoir commis la grave erreur de photographier depuis le milieu de la rue en face d'officines de galéristes. Je ne voulais pas photographier les "oeuvres" mais uniquement l'ambiance générale qui se dégageait en bordure de rue face à une vitrine.
La première algarade - Sarladaise - s'est traduite par une sévère engueulade et je n'ai pas été aimable du tout avec la commerçante du genre pétasse coincée. Le deuxième accrochage, breton celui-ci, s'est bien terminé après que j'eusse expliqué à la dame que je voulais photographier mon épouse qui se trouvait à l'entrée du magasin, preuve photographique à l'appui. J'ai tout de même effacé la photo (qui était d'ailleurs ratée) et tout s'est très bien arrangé.
En fait, et si j'ai bien compris, les personnes "à photosensibilité négative" semblent faire l'amalgame entre les "photographes de coeur" et les "iphotographes", ces derniers feignant de ne pas photographier alors qu'ils le font à tour de bras, n'importe où, n'importe quand, n'importe comment, et en se permettant en plus de porter un jugement sur la qualité des travaux artisanaux ou artistiques exposés en déclarant haut et fort qu'ils en feraient facilement autant. De plus il semblerait que certains d'entre-eux manifestent des velléités de piratage intellectuel ? J'admets l'essentiel de cette argumentation mais je considère également que j'aime l'acte photographique et que je ne rentre pas dans la catégorie des irrespecteux, des pirates d'oeuvres d'art et que je ne suis pas le seul dans ce cas. Cependant se plier aux règles imposées aux photographes par des personnes privées ou par des organismes publics n'est souvent ni agréable ni justifié.
Je ne prendrais qu'un exemple pour étayer mes propos, j'ai pu faire autant de photographies que j'ai voulu au musée d'Orsay (lien) il y a de cela quelques années, sans l'ombre d'un problème. Les photographies y sont maintenant interdites du fait que les "iphotographes" deviennent envahissants, peu respectueux des autres visiteurs et des consignes liées à l'interdiction du flash. Se rajoute à cela les desseins mercantiles à peine déguisés des directions de musées : vendre au touriste qui a déjà payé son entrée des bouquins illustrés, des cartes postales, des pin's, des figurines, etc). Le contribuable a le devoir de payer des impôts de plus en plus lourds (merci pour ce moment ) afin de combler une dette étatique abyssale qui ne sera de toute façon jamais comblée mais, par contre, qu'il aille se rhabiller s'il veut réaliser quelques photos souvenir d'un patrimoine culturel dont il est le contributeur financier.
Les amoureux de la photographie se trouvent donc censurés. La pratique photographique rentre dans le domaine du consumérisme, se banalise, se vulgarise (au sens littéraire), s'intensifie, devient insupportable. Une personne peut retrouver sa binette en gros plan sur un blog lambda. C'est un fait non contestable. Les pratiques changent et les risques augmentent avec l'émergence des technologies nouvelles et des réseaux sociaux. Il est fini le temps de la photographie de rue pratiquée sans sentiment de culpabilité par Ronis, Izis, Boubat, Doisneau, Cartier-Bresson et bien d'autres. Un amateur de photographies a actuellement l'impression de transgresser un interdit en appuyant sur le déclencheur, c'est pour dire ...
Revenons à Embrun et à la technique photographique. J'ai utilisé un appareil hybride APSC Fuji EX2 équipé du trans-standart de base (pas mauvais du tout). Les photos ont été prises en double format (raw + jpg fine). Les fichiers raw ont été ensuite développés sous Lightroom 5, DxoOpticsPro9 n'ayant pas mis à son menu la conversion des fichiers de l'EX2. J'ai joué sur les paramètres suivants lors du développement : exposition, hautes lumières, ombres, blanc, noir, clarté (microcontraste), vibrance, saturation (un peu), courbe des tons, réglage de la netteté, recadrage éventuel. Ces photos, une fois converties au format tiff sont allées voir sur PSCS5 si j'y étais, j'ai pu y rectifier les quelques défauts d'ombre et de lumière qui subsistaient (image -> réglage -> tons foncés/tons clairs). Enfin, lorsque cela s'est avéré nécessaire, j'ai utilisé HDR Efex Pro2 de NikSoftware pour un rendu que j'ai pu définir à grand renfort d'essais afin de renforcer subtilement les couleurs et de restituer un peu de détails dans les hautes lumières tout en débouchant légèrement les noirs trop profonds. Voilà, tout ça pour vous dire que c'est du boulot. Prendre des photos est une chose et les développer pour obtenir ce que l'on souhaite en est une autre (autrement plus fastidieuse). Ceux qui censurent certains photographes n'ont pas forcément raison...