15 Août 2015
Vous trouverez dans cet article quelques photos du Bois de Païolive tel que nous avons pu le découvrir en partant de Lestong et en empruntant le sentier en corniche des Gorges du Chassezac. Il est difficile de définir un tel lieu tant il est extraordinaire. Le bois de Païolive s'étend sur une superficie de 2000 hectares, au sud du département de l'Ardèche, à proximité des Vans. Pour mieux comprendre sa genèse il faut considérer que son subtrat marneux puis calcaire s'est constitué au fil des dépôts sédimentaires marins, au Jurassique. Puis, au fil des temps géologiques, à l'échelle de -150 millions d'années, se sont finalement mises en place des épaisseurs calcaires de l'ordre de 200 mètres, au jurassique supérieur. A la suite de la surection de ce plateau sédimentaire - consécutive au soulèvement alpin - s'est entamé un lent mais inexorable processus érosif. Il se poursuit encore aujourd'hui. Les roches calcaires se solubilisent. L'eau s'infiltre en provoquant des fractures et des fissures, elle les élargit et s'accumule en profondeur. Se forment ainsi des gorges, des rivières souterraines, des rochers ruiniformes. En bref tout ce processus est caractéristique de la mise en place d'un relief karstique.
Des sédiments ont pu ainsi se déposer dans ces zones creusées par l'eau, ils y ont constitué des sols, dont les caractéristiques sont très hétérogènes selon les stations. Les lichens et les mousses - végétaux pionniers - se sont s'installés. Les fougères, les conifères et les feuillus ont pris le relais. Ainsi, au fil du temps, s'est mis en place le bois de Païolive tel que nous le découvrons de nos jours avec ses blocs rocheux aux formes étranges, ses cavités, ses gorges, sa strate arborée constituée majoritairement de chênes pubescents accompagnés principalement en strate arbustive par des buis, des chênes kermès, des fragons et des genévriers oxycèdres (le cade provençal). Le bois de Païolive se caractérise surtout par une biodiversité hors du commun. Cette remarquable spécificité est probablement liée au fait que l'on se trouve en présence de lambeaux relictuels de la forêt méditerranéenne immédiatement postérieure aux glaciations. Il s'agit donc d'une forêt ancienne à l'équilibre très fragile. Qu'en restera-t-il suite à sa surfréquentation (600 000 personnes par an) consécutive à une communication intensive, à la mise en place de nombreux sentiers aménagés, de parcours d'escalade et de panneaux indicateurs ? La valorisation touristique est une chose et la conservation d'un site remarquable en est une autre, pas forcément compatibles entre elles.
Vous trouverez des informations géologiques et biologiques plus précises sur le bois de Païolive en fin d'article. Elles ont été établies suite à une collaboration entre le WWF et l'Association Païolive.
Les photos présentées ici ne donnent qu'un petit aperçu - très imparfait - de la physionomie du bois de Païolive et des Gorges du Chassezac. La lumière était intense, les ombres très dures, les contre-jours dévastateurs et la température très élevée (39 à 40°C).
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Données complémentaires extraites du document corédigé par le WWF et l'Association Païolive
http://www.foretsanciennes.fr/wp-content/uploads/Guide_stations_forestieres_2avril_BD1.pdf
Le climat
Cette partie calcaire de l’Ardèche méridionale, limitrophe des Cévennes, représente un carrefour des climats à tendance montagnarde-océanique et méditerranéenne. Le climat est un climat de marge méditerranéenne. Le relief et la nature du sol peuvent générer des microclimats : les stations se répartissent selon un gradient de sécheresse-humidité.
La géologie
Le substrat dominant à Païolive est constitué de roches sédimentaires telles que les marnes (les premières formées) et les calcaires durs (formés à partir du Jurassique supérieur). Ces roches-mères résultent de l’accumulation de sédiments d’anciens fonds marins. Le socle calcaire ainsi formé atteint plus de 200 m d’épaisseur au Jurassique supérieur.
Les roches calcaires sont très solubles. L’eau, en s’infiltrant dans les fissures et fractures, les élargit et s’accumule en profondeur. Ainsi se forment gorges, rivières souterraines, calcaires ruiniformes, etc., tous liés au phénomène de karstification (dissolution du calcaire), toujours actif de nos jours.
La forêt
Certaines espèces végétales ont des exigences écologiques strictes, notamment vis-à-vis de la richesse minérale, de la richesse en eau et de la température. Ces plantes apportent ainsi des informations sur les caractéristiques du milieu : ce sont des plantes dites indicatrices.
Forêt ancienne en évolution naturelle depuis une cinquantaine d’années, le bois de Païolive abrite une biodiversité exceptionnelle (4 000 espèces inventoriées, encore autant à découvrir). Un inventaire global de la biodiversité est en cours, répertoriant lichens, mousses, algues, insectes, micro-mammifères, champignons et autres organismes vivants. Parmi les espèces forestières les plus remarquables, on peut citer :
• les chauve-souris ;
• le pic épeichette ;
• les insectes, en particulier les coléoptères saproxyliques (Cétoine bleue, Grand Capricorne, Lucane cerf-volant) ;
• 2 espèces de mousses (Antitrichia californica et Zygodon forsteri)
• 4 espèces de lichens (Leptogium hibernicum, Sclerophora pallida, Degelia plumbea, Pannaria conoplea)
Certaines de ses espèces disposent d’un statut de protection, mais toutes méritent une attention particulière de la gestion de leur habitat.