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Blog photographique biodégradable

Regards

La monarchie républicaine

 

 

Nicolas Sarkozy vu de l’extérieur

 

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Conférence de presse à Marseille en 2006, Nicolas Sarkozy était alors ministre de l'intérieur et président de l'UMP

 

 

Docu . Sur Arte

 

William Karel dresse le portrait acéré du président

français vu par des journalistes étrangers.

 

 

Séquence campagne en Camargue, à cheval, lunettes de soleil de marque et chemise rouge à carreaux. Les journalistes faire-valoir suivent le president-to-be, parqués dans une grosse remorque. Image forte de la genèse du sarkozysme, à quelques semaines de l’élection de 2007, connue de tous et largement commentée : c’est avec elle que William Karel entame son documentaire, Looking for Nicolas Sarkozy. Après Giscard, Mitterrand, Le Pen, Kennedy ou Bush, le réalisateur a voulu, comme il l’explique àLibération,«aller au-delà de l’exercice du portrait, faire un bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy pour rafraîchir la mémoire de tous».

 

Mais qui interroger ? Les proches ? «Ils n’auraient pas parlé.» Les opposants ? «Sans intérêt.» Les sempiternels chroniqueurs de la vie politique française ? «Je ne voulais pas voir des journalistes de Marianne.» Karel a donc choisi de donner la parole à 18 journalistes étrangers en poste à Paris : britannique, américain, israélien, russe, italien, allemand, suisse… Correspondants pour The IndependentThe Economist, ZDF, AP, le New York Times, BBC, El PaísDer SpiegelAfrica International… Pour la plupart excellents francophones, bons connaisseurs du pays, ils passent en revue les moments forts du quinquennat. Avec un dispositif simple : aucun commentaire en voix-off, tout est dit par ces correspondants sur fond noir, et dont les témoignages sont appuyés par des photos, archives, unes de journaux…

 

«un gamin». Karel est parti du principe que ces journalistes-là «parlent sans langue de bois». Il a également capitalisé sur la «fraîcheur» de leur propos : «Eux, on ne les voit jamais, ils ne s’expriment jamais.» Car s’ils n’évoquent que des épisodes archiconnus de la Sarkozie, ils le font souvent avec un angle différent, avec un vocabulaire et un franc-parler un peu inattendus. Beaucoup, dans le lot, reconnaissent avoir été séduits par le candidat Sarkozy. Après les deux mandats Chirac - véritable «période Brejnev» dit l’un d’eux -, Sarkozy, sa «rupture» et son «discours de la volonté» plaisent. Le Président fraîchement élu bénéficie même d’une certaine bienveillance de la part de plusieurs commentateurs étrangers -«J’ai été naïve»,reconnaît une journaliste américaine.

 

Ces mêmes correspondants n’ont aucun mal à distribuer les bons points de cette présidence : la Géorgie, Sarkozy à la présidence de l’Union européenne, sa gestion de la crise grecque. Leurs critiques n’en sont que plus tranchantes. Sur les grandes saillies du mandat : discours de Dakar et de Grenoble, tests ADN, déchéance de la nationalité, relations diplomatiques, Tunisie… Sur son comportement aussi : le président de la République est, tour à tour, «un gamin de 10 ans»,«Docteur Jekyll et Mr Hyde», aux «idées confuses», «pas complètement construites»… Ils semblent encore choqués à l’évocation de ce Président qui envoie des SMS pendant sa rencontre avec le pape, qui ose dire, lors d’une conférence de presse à l’Elysée : «Carla et moi, c’est du sérieux»,qui réagit au moindre fait divers… «Nicolas Sarkozy, c’est Shakespeare tous les jours, c’est le bruit et la fureur, c’est du spectacle»,commente Jean-Pierre Schaller, de la TSR.

 

Surtout, ces journalistes apportent un éclairage avisé sur la perception du président Sarkozy dans leurs pays respectifs. Et c’est là que le dispositif est le plus percutant : voir les journalistes allemands, savoureux, raconter les incompatibilités Merkel-Sarkozy. Ou Marie-Roger Biloa, directrice d’Africa International, décrire les réactions après le discours de Dakar : Sarkozy devient «l’ennemi de l’Afrique», qui ne la voit que «comme une nuisance, et non comme une opportunité».

 

distance. Ces journalistes étrangers sont totalement snobés par l’Elysée : aucun n’a obtenu d’entretien avec lui en cinq ans. Et le Président se crispe«dès qu’il entend un accent», dit l’une d’entre eux. Ce qui leur permet, aussi, d’en parler avec distance, hors des enjeux partisans franco-français. Mais cette radiographie d’un quinquennat est aussi celle d’une drôle de France - médias trop proches des politiques, concentration des pouvoirs, népotisme. Les plus chauvins n’apprécieront guère les généralités imposées par l’exercice : «En France, ça semble presque normal» ; «Les Français n’aiment pas l’ostentation» ; «Les Français ne sont jamais contents».Looking for… est un bilan choral, avec accents, et pas timoré pour un sou. «Dakar, les Roms, Cécilia, les fichiers ADN, les lois sur les mineurs…,énumère William Karel. En mettant bout à bout tous ces morceaux, ça donne du sens. Ça prend une certaine force.»

 

Texte d'Isabelle Hanne, Libération du 22/12/2011

 

Ayant regardé l'émission, j'ai trouvé très édifiante l'écoute des points de vue de journalistes étrangers n'ayant rien à craindre des foudres répressives et colériques de notre président. Franc parler et absence de langue de bois nous font le plus grand bien en ces périodes de shows politico-médiatiques parfaitement contrôlés et ciblés.

 

 

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